lundi 6 novembre 2017

28 octobre. « Seul, on va plus vite; ensemble on va plus loin »

À 7h, à O Pedrouzo, « la Voie de Compostelle nous appelle ...Ultreïa », et,en effet, sur le ciel noir le Campus stellae déploie sa traînée lumineuse ,certes,  cependant...pas suffisante pour éclairer le chemin dans la forêt d’eucalyptus obscure et parfumée. Nous sortons la lampe torche à chaque bifurcation et progressons rapidement rattrapés par les six jeunes  Italiens avec lesquels nous avions partagé le dortoir. À 21h30, la veille, l’une d’entre eux nous avait gentillement apporté, alors que nous lisions au lit, un beignet au jambon...Voyage étrange et gratifiant...

Déjà Lavacolla, où les pèlerins médiévaux se lavaient à la fontaine face à l’église San Frutuoso pour arriver tout propres chez St Jacques. Ensuite, la dernière côte pour atteindre le Mont Gozo, de la Joie ...du pèlerin apercevant enfin au loin le but de son pèlerinage.
Nous accélérons le pas, une déviation de 2 km...dernière petite conversation avec un brésilien, en congé sabbatique, passionné du Camino, inquiet car désireux comme nous d’assister à la messe de midi. Il me demande si nous voyons bien les tours de la cathédrale à 500m et , dans l’affirmative, me saute au cou tout ému!!!
Nous grimpons les rues pavées de grandes dalles de granit; la gaïta (cornemuse galicienne)remplit l’atmosphère médiévale ensoleillée de ses airs celtiques. 11h 50, sur le parvis nous guette l’ami Serge, arrivé la veille. Il pourra nous garder les sacs à dos interdits à l’intérieur de la cathédrale. Sentiment d’être arrivés a casa mais ...une maison pleine comme un œuf de pèlerins fatigués et comblés.

Sur la place d’Obradoiro face au Portail de la Gloire, nous retrouverons Camilla arrivée del Norte...un américain de Pennsylvanie, d’autres acadiens et puis le lendemain midi Bernard, Philippe, Agathe, Shua...Siro de Tolède qui vient de retrouver son épouse , le brésilien Omero...On se congratule, s’embrasse,se photographie... tant de peines et de joies partagées . Alegría!

Le samedi 28, Nous irons rejoindre l’amie pélerine de 2014, Cristina, chez elle à Vigo pour une belle journée par 28° sur la Côte galicienne et l’estuaire grandiose du Miño, dessinant la frontière portugaise...ah, la famille fidèle du chemin!

Le dernier soir, le 29, vers 11h15, revenus de Muxia sur la côte de la Morte, où le pèlerin honore la Vierge de la Barque venue encourager Le Grand Jacques dans son évangélisation , nous déambulons une dernière fois dans les ruelles étrangement désertes de Santiago...Hola, hello...une voix m’appelle...C’est Astrid, la jeune Estonienne, toute réjouie, rentrée de Fisterra et que nous regrettions de n’avoir pu embrasser...Elle projette de poursuivre vers le Portugal. Un autre jeune pèlerin rencontré sur le Camino del Norte nous salue également. Il nous parle de Camilla rencontrée après Gijon. Muchas gracias Santiago! 
Il nous restera à embrasser chaleureusement Serge, el Faro du Camino, le 30 octobre, à l’aurore à l’arrêt de bus pour l’aéroport et la boucle bouclée, nous pourrons rejoindre notre chère famille et amis de Belgique...

Il est des voyages étranges où le Chemin d’asphalte, de terre, d’herbes  ou de pierres, de murs et de bornes étoilées parle comme un compagnon amical:


El Camino es la misma vida...
Caminar es pasear  el alma...
El Camino no se anda, se vive...
Un Camino de estrellas en el que tú has aprender a brillar...
Never stop love ...
Puedes (tu peux)au bas d’une côte ...
Va vers toi-même ...ose être toi-même ...
El camino es un fuego, un incendio total de los sentidos del corazón...
Olvidate del tiempo pasado y haz del camino tu vida...
Le Camino, le retour à l’essentiel...
Dentro de cada uno, hay un Camino...
Caminamos hasta nuestro interior...
Para encontrar, necesitas estar solo...
El Camino del peregrino es de paso corto y vista larga...

Imagine...
You may say I'm a dreamer 
But I'm not the only one 
I hope someday you'll join us 
And the world will live as one (John Lennon)

Ce voyage étrange s’appelle depuis plus de 1000 ans le pèlerinage à St Jacques de Compostelle.

El Camino nunca se acaba...jamais ne se termine...

Épilogue 

Camilla nous écrit qu’elle a retrouvé à Muxia Elizabeth, la Suissesse, rencontrée sur le Norte et quittée dans la jolie cité médiévale de San Vicente de la Barquera. Elle s’est inquiétée de nous et,comme nous avions,de notre côté, regretté son arrêt momentané, nous sommes heureux d’apprendre la fin de son pèlerinage. Gracias!

Dernière nouvelle de Radio-Camino: Jean-François revu une dernier fois à Ribadesella sur la côte est arrivé trois jours après nous à Santiago, seul car Patrick n’a pu poursuivre le Camino Primitivo avec lui.

mercredi 25 octobre 2017

Depuis Pedrouzo, 25 octobre. 

Demain, dernière étape et arrivée à Santiago ! Il reste 20 km... En partant à 7 h ( nuit noire...), nous arriverons à l’heure pour la messe des pèlerins à midi à la cathédrale. 

C’est la troisième fois que nous rallions Compostelle. En 2014, partis de Cambron vers Paris, la Voie de Tours et le Camino Frances. En 2016, avec nos trois petits-fils par la Voie du Portugal. 

L’arrivée à Santiago est un moment riche d’emotions diverses.... Joie d’avoir atteint l’objectif, joie de confier toutes nos intentions à l’apotre ( j’en ai un camion...), joie de revoir nombre de pèlerins rencontrés en chemin, émerveillement de la découverte de cette ville, plaisir des yeux, des oreilles ( c’est Babel !), des papilles ( ah le pulpo galicien !).... et puis un peu de blues de voir l’aventure se terminer...

Les dernières étapes sont fort différentes des précèdentes : à Melide le Camino Frances rejoint le Primitivo et à Arzua nous rejoignent tous ceux qui ont préféré la Voie du Nord. S’y ajoutent alors tous les Espagnols qui parcourent les 100 derniers km, souvent en joyeux groupes de pèlerins. 
Beaucoup de monde alors sur le chemin !

Le pèlerin évolue avec son temps. Auparavant il était armé de son bourdon, lourd bâton qui éloignait les chiens et parfois les detrousseurs, et qui portait la callebasse qui servait de gourde. 
Aujourd’hui, si certains ont conservé le bâton unique, beaucoup ( comme nous...) ont opté pour la paire de bâtons télescopiques. 
Nouvelle évolution aperçue hier : de jeunes pèlerins sont maintenant équipés de leur stick à selfies au bout duquel est fixé leur smartphone qui leur permet de se portraiturer tout le long du chemin ! 😂 
Également beaucoup de petites caméras GoPro qui filment.... tout le chemin ! ( Quand trouveront ils le temps de visionner tout ça ? ). Mathias, pèlerin allemand à vélo avait fixé cette caméra au sommet de son casque, ce qui lui donnait un petit air de uhlan à casque à pointe....

Je vous laisse... nous allons chercher un repas pour ce soir et boire «  una caña » au bar du coin. 
Le froid intense de ce dimanche 22 octobre laisse vite la place à la douceur d'un bel automne. Vers midi, nous pique-niquons par 23 degrés dans les feuilles craquantes d'un carrefour de chemins. Puis, nous enchaînons la traversée de hameaux reliés par de magnifiques sentiers bordés de murets moussus. Vieux châtaigniers noueux et chênes verts tordus inondent le sol de leurs fruits secs. Une carrière nous révèle l'origine des dalles de grès omniprésentes dans l'habitat ancien ou contemporain, dans les clôtures et même les pavés du Camino.
Une dernière côte pour atteindre le cœur historique de la ville historique de Lugo . Derrière les barres d'immeubles colorés se cache la seule muraille romaine d'Europe entièrement conservée avec ses 82 tours. Elle fut construite au IIIès par Lucus Augusti, longue de 2km et parfois large de 7...un beau paséo à 12m de haut! Nous pénétrons par la porte San Pedro comme Alfonso II et déposons nos sacs dans l'albergue municipale avant d'arpenter ce magnifique centre piétonnier qui nous amène par la Plaza Mayor à la superbe cathédrale gothique au porche roman du Christ Pantocrator et à l'imposante façade baroque illuminée de soleil.

Brouillard glacé ce 23 pour démarrer la journée en franchissant la porte de Santiago (matamore) et le rio Miño par le pont romain...La borne jacquaire indique 101 km!

Avec les côtes qui s'enchaînent et les rayons du soleil dans le dos, il faut s'effeuiller rapidement ...Les villages deviennent des "paroisses" San Vincente , San Joan, Santa Eulalia, San Pedro, Hospital, San Roman...une borne milière...nous marchons sur les dalles de la calzada romana puis franchissons un petit ruisseau par un adorable petit pont romain à Ferreira. L'albergue del Ponte nous offrira gîte et souper-paëlla communautaire pour 14 pèlerins bien joyeux de partager ce bon moment.


À Melide, 20 km plus loin, nous voyons venir soudain à nous des groupes de pèlerins inconnus et traversons des ruelles déjà parcourues...nous avons rejoint le Camino Francès et obliquons résolument vers l'ouest avec des compagnons de route nombreux. Nous nous rappelons nos amis d'autrefois venus,comme nous, de St Jean-Pied-de-Port ou du Somport, attablés  dans un bar ou se désaltérant à une belle fontaine de granit près d'un vieux calvaire à Boente. Le chemin file dans les eucalyptus odoriférants absents en Asturies jusque Ribadiso. Nous nous arrêtons enfin bien fourbus , après 31 km, sur les rives de l'Iso en face du vieux pont à une arche dans l'hôpital médiéval pour pèlerins San Antón totalement rénové. 
La Galice, cerise sur le gâteau 

En 44, les compagnons de Jacques le Majeur ont probablement aimé revenir d'Israël avec leur maître décapité en terre galicienne pour l'inhumer.Ces terres, aux confins du monde habité, où l'apôtre avait diffusé la Bonne Nouvelle, devaient déjà l'avoir séduit comme nous à nouveau en approchant de Santiago...Enfin, il me plait de le penser...

Le gâteau, cependant, est plutôt une pièce montée et le pèlerin doit gagner la cerise en franchissant bien des sommets...tous très escarpés .

Ce 20, dans l'ancienne école villageoise de Castro nous souhaitons bon anniversaire à Barnabé qui souffle ravi ses 8 bougies...
Du petit bourg, l'antique cité celte et romaine, nous gagnons de la hauteur en traversant quelques hameaux en schiste et toitures de lauzes surmontés d'éoliennes. Éole inonde le paysage de ses enfants sur toutes les crêtes lointaines et les promontoires de la large vallée . Les Asturies  ont  résolument opté pour l'énergie verte et le vent fait tourner les ailes des moulins blancs dans le ciel azur. Don Quichotte aurait eu bien des mirages sur ce chemin. 

Nous accédons enfin à l'alto del Acebo  (1111m)par des pistes herbeuses, puis rocailleuses, sous les pins . Mathias, un allemand, nous rattrape en VTT avec son casque à pointe surmonté d'une caméra . Il déplie un tabouret sorti de sa soute pour souffler un coup...tandis que nous dévalons déjà le sentier soudain barré de cailloux: une belle borne étoilée nous indique que nous passons en Galice et qu'il nous reste 166 km!!!
Que de km parcourus depuis Bilbao...

Des panneaux nous informent aux carrefours du classement du Camino de Santiago au patrimoine de l'humanité par l'Unesco et aussi des fonds européens versés pour son réaménagement. Le pèlerin est roi en Galice et tout est prévu pour sa sécurité et son accueil. Belles sentes blanches, bornes régulières, tableaux didactiques sur les monuments et la nature...
Dernière côte et horrible raidillon éreintant pour atteindre Fonsagrada, ville perchée à 952m et donc la plus haute de Galice...St Jacques aurait fait surgir du lait pour une pauvre veuve d'une fontaine devenue sacrée toujours présente au chevet de l'église paroissiale. 
Achat de collants chauds et de gants pour les départs matinaux glacés...
Nous logerons à l'albergue Cantabrico où les pèlerins sont accueillis par une hospitalière en blouse blanche ...et mangerons au restaurant du même nom avec deux australiens retraités dont un âgé de 75 ans et un allemand à la bonne quarantaine en demi-année sabbatique. Partage de vie sur ce chemin unique fréquenté par les chercheurs d'étoiles ...
À l'heure où nous nous couchons les Espagnols du groupe commencent à prendre l'apéritif ...la fiesta se terminera un peu bruyamment  à 5h...mais ils seront sur le chemin vers Castroverde à 9h. 

Nous pénétrons en vrai pays celte sur l'alto del Montouto à 1050m, battu par les vents et planté de bruyères  où nous découvrons une petite chapelle dédiée à Santiago, les ruines bien restaurées d'un hôpital royal fondé en 1357 pour les pauvres Jacquets et un dolmen. Superposition des strates d'une longue histoire sous la Voie lactée (la Milkyway traduit une jeune estonienne ) dans laquelle nous posons nos pas...

Nous descendons, fascinés par un paysage grandiose de montagnes vierges de toute présence humaine, dans les fougères dorées une piste aux odeurs d'automne jusqu'à un petit bar rustique tenu par un argentin. Coca et thé selon les envies, à chacun son carburant, et quelques pas de danse avec Sandra sur la Macarena lancée par Serge...Ambiance sur le Camino!!!

 Mais la route est encore bien longue et les pénibles montées  à rallonges en sous-bois n'ont pas fini d'exiger ardeur et persévérance. Que le sac est lourd ! Je pense à tout l'inutile dans le peu que je transporte et ...il est des voyages étranges où on jetterait immédiatement son baluchon dans le fourré ...
Les villages présentent de grosses bâtisses carrées aux murs de pierres plates bien ajustées et aux toits d'ardoises en écailles de poisson, des fours à pain, des étables arrondies, des lavoirs et toujours de petites églises romanes trapues au clocher baroque élégant; on aperçoit parfois l'autel fleuri à travers les barreaux de la porte. Le cimetière avec ses caveaux de grès  est tout proche et bien entretenu. Impression de remonter le temps...les vaches sont passées avant nous ...ou avec nous au carrefour suivant: elles broutent avec appétit l'herbe plus verte des fossés.

Il fait décidément bon vivre sur le Camino Primitivo moins fréquenté, plus authentique au cœur d'une belle nature.

À Castroverde, après 28 km , enfin une bonne douche et ensuite, conseillés par le guide Jacobeo du pèlerin allemand, nous nous rendons dans la Pension Cortes ...suite à la bière servie avec un œuf cuit dur et des noix sur la table en Formica du bar , nous pouvons passer dans la salle à manger où notre hôtesse souriante coiffée d'un petit chapeau noir de chef-coq nous sert le bouillon et puis la viande en sauce avec les frites et les tomates du jardin qu'elle nous fait admirer en contrebas. Soudain, quelques mots de français appris autrefois à l'école et quelques pas de la Jota dansée avec grâce et fierté depuis l'enfance...Nous l'applaudissons! Sa fille surgie de la cuisine vient nous parler couramment en français et ensuite à notre plus grand étonnement ... en flamand appris à Anvers , ville qu'elle adore...comme Gand et toute la Belgique ! Une belle leçon pour nous qui avons tellement oublié cette langue étudiée si longuement...Quelles belles rencontres! Nous sommes tout émerveillés !
  

Les espagnols prennent toujours l'apéro au bar du coin...nous rentrons payer notre logement à l'hospitalière municipale de permanence jusque 10h dans la nouvelle albergue sans âme où les lumières vont bientôt s'éteindre automatiquement dans un dortoir glacé ( sans couvertures) pour nous éblouir le lendemain à 6h45 et nous pousser par 3 degrés sur le chemin vers Lugo quasi tous en même temps . 

lundi 23 octobre 2017

Depuis Ponte da Ferreira, ce lundi 23 octobre. 

Nous sommes en Galice depuis quatre jours. La première borne galicienne indiquait 166 km jusqu’à Santiago. Ce soir, la borne indique 72 km.  Nous approchons à grands pas...
Étapes de rêve ! Le matin, il fait très froid pour démarrer. Ce matin : 3 degrés ! Marie-Françoise s’est achetée des bas collants à Fonsagrada et une paire de gants. Moi, avant d’enfoncer le chapeau sur la tête, j’enroule mon foulard autour du crâne dégarni. Une paire de chaussettes de laine mérinos fait office de moufles bien chaudes. Nous multiplions les couches sur le corps. Heureusement, nous avions emporté chacun une veste de plumes.  
Départ avant le lever du jour.  Le desayunos est avalé rapidement dans un bistrot où une boulangerie. Jus d’orange « natural », cafe solo, tostadas, marmelada... Animo !!!
Les premières côtes et le soleil ont tôt fait de nous réchauffer quelque peu et nous pouvons rapidement diminuer les couches... À midi, il fait plus de 20 degrés et nous en sommes à la tenue short/chemise !!!
La Galice est merveilleuse sous le soleil d’automne. Imaginez des chemins creux, anciennes drailles du bétail, bordees de haies, de chênes, de châtaigniers. Nous foulons un tapis de glands, de bogues de châtaignes.  Le soleil illumine le feuillage, vert parfois, jaune, orange, rouge.... c’est superbe !

Ce soir, à l’alberge, paella géante pour les pèlerins. Nous sommes une douzaine, espagnols, un français (Serge), une japonaise, une canadiennne et.... deux belges ! Et nous nous comprenons tous !!! On se raconte nos expériences du chemin mais aussi nos pays d’origine... belle ambiance. 

Ultreïa !

jeudi 19 octobre 2017

Mardi 17 octobre

Il est des voyages étranges où l'on passe directement de la position debout à la position couchée ...point de chaises, encore moins de fauteuils ...totalement absents d'ailleurs de notre genre d'expédition. 
Après avoir embrassé comme il se doit selon la tradition jacquaire nos vrais hospitaliers dévoués ...Ultreïa...Susceia, nous filons courageusement armés d'un parapluie le long de la N-634 dans un petit matin lugubre guettant les incendies qui pourraient encore nous menacer...après 12km, nous atteignons le gros bourg de Tinéo. Renseignements pris au bar, il semble ne plus y avoir de feux en Asturies et nous pouvons poursuivre par le chemin champêtre jusque Borres, petit village situé 16 km plus loin dans les montagnes. Le topo-guide annonce une albergue municipale avec 18 places dans l'ancienne école ,un micro-ondes , pas d'approvisionnement possible et la clé au seul bar du patelin. Nous nous chargeons donc d'empenadas et de croissants avec yaourts et fruits...
De Tinéo, un magnifique chemin creux bien pentu nous emporte à travers bois jusqu'au col de Piedratecha...un léger soleil dore les châtaigniers et les petits hameaux se succèdent avec ermitages, vestiges de refuges pour pèlerins, potagers semés de grands choux verts et de piments. Les vaches rousses aux yeux bien maquillés de khôl ruminent dans les près colorés de colchiques.  Les dénivelés s'accentuent...un peu de goudron et nous atteignons Campiello où deux familles rivalisent pour attirer les pèlerins mais nous résistons aux avances de la serveuse du bar.
 Enfin, l'arrivée à Borres et l'école sur le pré à 700m du bar où il faut courir s'inscrire car la demande est en hausse. Tous les pèlerins semblent vouloir s'arrêter ici et les 9 lits superposés sont rapidement occupés dans l'unique salle de classe. Un petit micro-ondes, quelques assiettes mal lavées et pour cause...pas d'eau potable...deux douches, deux Wc, ...une vue superbe sur les chaînes montagneuses pour sauver une situation très spartiate! 
Ambiance australo-germano-espagnolo-franco-belgo-japono avec sacs déballés et culottes à sécher ...


Nous mangeons sur le lit et puis observons couchés, médusés, amusés, tout ce remue-ménage bon enfant et polyglotte en train de prendre a cup of tea ! La Universidad de la vida ...comme on  avait dit plus haut...😏

Depuis Castro, 19 octobre 

Hier, la plus belle étape de notre chemin ! 25 km de montagne entre Borres et Berducedo. Deux itinéraires possibles. Avec Serge, nous choisissons de passer par la Voie de l’Hospitales et la montagne. Ce chemin doit son nom aux ruines d’un ancien hôpital pour pèlerins en haut d’un col. N’imaginez pas Saint-Luc ou Erasme ! Non... une humble masure de pierres sèches qui servait de refuge aux pèlerins de moyen âge perdus dans le brouillard ou la neige. 
Nous grimpons la montagne de longues heures pour atteindre l’ Alto de Palo à 1200 m. Le vent et la pluie nous fouettent le visage et les jambes. Mais heureusement les nuages ne nous cachent pas les paysages grandioses. Montagnes à perte de vue, vallées encaissées, alpages où paissent les troupeaux en liberté, chevaux libres d’aller où bon leur semble... « Que la montagne est belle » chantait Jean Ferrat... Seule la traversée du petit hameau de Montefurado interrompera cette magnifique rando en nature. Et si la route du col est croisée quelquefois, nous n’y verrons que quelques voitures. 
Le soir, à Berducedo, menu del peregrino avec Serge: sopa, pechuga de pollo ou lomo de ternera con patatas fritas... comme dessert un fromage frais au miel... le tout arrosé d’une fraîche Estrella Galicia !

Ce matin, 19 octobre, départ tranquille vers 9 h pour une nouvelle étape de 25 km vers Castro. Après une montée très raide de 3 km, nous descendons un dénivellé de près de 800 m pour franchir le barrage de l’embalse de Salime. Descente très raide au début, sur un sentier caillouteux, puis, heureusèment, un chemin forestier plus large et plus facile. Paysage et arbres noircis par les récents incendies. Les ouvriers forestiers ont déjà bien travaillé et éclairci la forêt en coupant les arbres morts ou les plus abîmés. Ne restent que les sujets vigoureux, noircis à la base mais toujours verts au sommet. 
Je craignais cette descente pour mon genou: il tient bien le coup et je ne ressens que peu la douleur. 
Après le barrage, on se restaure dans le premier bar venu puis montée vers Grandas de Salimas et Castro où nous arrivons vers 16 h. 
Douche, cerveza, lessive et contact par WhatsApp avec nos petits ! Barnabé a 8 ans demain ! 
Que du bonheur !!!